Socrate et le devoir d’EMC de Maël

Maël est en 6ème. Il a eu un devoir d’EMC à faire pendant le confinement. Son collège utilise un manuel d’EMC qui donne Socrate en exemple pour illustrer l’engagement associatif (*fierté !*). Avec l’aide de sa maman, Maël nous a contacté sur Facebook et posé quelques questions. Elles étaient très pertinentes ; cela nous a donné l’idée de partager questions et réponses avec vous, pour compléter notre présentation de l’association.

Julie, Directrice de l’association s’est chargée de lui répondre.

Maël : Dans mes cours d’Éducation Morale et Civique (EMC) nous étudions l’engagement associatif. L’association Socrate est présentée dans notre manuel. J’aurais voulu vous poser quelques questions, s’il vous plait. Pourquoi le nom Socrate ?

Julie : Socrate a été créée il y a 18 ans donc je n’étais pas là à ce moment-là. Les créateurs de l’association ont décidé que chaque lettre du mot S.O.C.R.A.T.E serait la référence à une autre mot (c’est ce qu’on appelle un acronyme) : Soutenir Organiser Créer (des) Relais (d’)Apprentissage Tous Ensemble. Pour simplifier, on utilise toujours la version courte, « Socrate ». Ce nom me plait, parce que c’est le nom d’un philosophe grec de l’Antiquité qui avait plein d’idées intéressantes. Notamment une qui explique qu’on ne découvre pas «la vérité» du premier coup d’œil et que pour y parvenir il faut prendre le temps de se questionner, de réfléchir…
J’aime cette idée parce qu’on fait de l’aide aux devoirs et que nous n’aimons pas quand quelqu’un dit  » Lui/elle, n’y arrivera jamais ! C’est un(e)mauvais élève qui ne comprend rien… » Non, nous, on est persuadé que si on regarde plus près et si on prend le temps de discuter, on peut voir une autre réalité de cet(te) élève, pour l’aider à ce que ça se passe mieux à l’école et dans ses devoirs, pour progresser.
Voilà le lien que j’aime bien faire entre notre nom, ce qu’on fait dans l’asso, et ce philosophe.

Maël : Comment est née l’idée de l’association ? avec combien de bénévoles avez-vous commencé ?

Julie : En 2001 Jean Pecqueur-Pautard, le créateur de Socrate, dirigeait une association qui avait plein d’activités différentes (sport, cuisine, couture… et soutien scolaire). Il cherchait des bénévoles pour l’aide aux devoirs, et il en manquait beaucoup. Sa fille qui était au lycée d’à côté a commencé à aider des enfants pour aider l’association, même si beaucoup disaient qu’elle était trop jeune. Elle a aussi fait appel à des copines de classe. Elle s’appelait Julie (comme moi !).
Jean s’est rendu compte que les lycéennes adoraient aider et que les enfants se sentaient super à l’aise avec des lycéens. Parfois plus à l’aise qu’avec des personnes plus âgées. Alors, avec les autres membres de l’association, ils ont réfléchi à la façon de s’organiser pour avoir plus de lycéens bénévoles pour aider plus d’enfants. Et ils ont créé Socrate en plus de la première association et ils ont commencé à prendre contact avec des écoles, des collèges et des lycées, à Paris et à Toulouse pour commencer. Pourquoi Toulouse? Je crois que c’est par bouche à oreille entre des proviseurs et des principaux de collège. L’association a grandi en 18 ans, et aujourd’hui nous avons 450 bénévoles à Paris, en Seine Saint-Denis, en Haute-Garonne, en Vendée et dans la région de Lyon. Nous aidons donc 450 enfants et adolescents.

Maël : On parle des lycéens dans mon livre de cours, mais il doit bien y avoir des adultes ? Combien y a-t-il de personnes qui gèrent l’association (administration, suivi…) ?

Julie :Tu as tout à fait raison, ce sont des adultes qui organisent et «surveillent» que tout se passe bien. Nous sommes actuellement 6 salariées (donc c’est notre métier toute la semaine). Et que des femmes, mais ce n’est pas fait exprès du tout ! Pour nous aider, nous accueillons des Volontaires en Service civique. Ce ne sont pas des salariés, ni des bénévoles. Ils et elles ont entre 18 et 25 ans, et ils ont décidé de passer 8 mois avec une association en faisant une pause dans leurs études, ou après le bac, ou parce qu’ils cherchent un travail sans en trouver pour le moment. Ils reçoivent une rémunération pour cela, mais c’est une indemnité, pas un salaire. Un peu comme un stage super long et non obligatoire.

Maël : A partir de quel âge / quelle classe peut-on devenir bénévole ?

Julie : Il suffit d’être au lycée, n’importe quelle branche, n’importe quel niveau en classe : ce qui nous intéresse, c’est la motivation pour s’engager à venir aider un enfant une heure, une fois par semaine, dans son école ou son collège, en même temps qu’un groupe de 12 bénévoles en moyenne. Ensuite, il ne faut pas habiter trop loin des écoles et des collèges où nous travaillons, donc ça limite les possibilités aux villes où nous sommes actifs.

Maël : Voulez-vous transmettre un message au nom de votre association, à ma classe / mon professeur surtout dans cette période de la crise du Covid ?

Julie : J’aurais plein de choses à vous dire, mais je vais garder celle-ci : la solidarité pendant une pandémie, c’est vital. Mais tous les jours, en dehors de la pandémie, la solidarité est vitale pour plein de familles et d’enfants. Sur l’école, oui, mais sur plein d’autres sujets aussi.
J’ai envie de vous encourager à vous entraider au collège. Pas seulement en période de crise sanitaire. Tout le temps.
En plus, faire un geste ou une action d’aide, ça fait du bien à celui ou celle qui aide, ça donne de l’énergie, ça donne une meilleure image de soi-même, même si on n’ose pas se l’avouer. C’est important, ça aussi !
J’ai envie de dire à celles et ceux d’entre vous qui avez du mal à être aidés à la maison de le dire à une personne du collège et à un.e camarade pour, pourquoi pas, trouver un binôme ? Réfléchir à voix haute avec quelqu’un à coté de soi, souvent, ça suffit pour mieux comprendre ! Vous avez déjà remarqué ?
J’ai envie de dire aux élèves qui se trouvent «moyens» ou «nuls» qu’ils peuvent aussi aider les autres, même s’ils pensent ne pas en être capables. Apprendre et comprendre quelque chose grâce aux autres, ce n’est pas «tricher» : c’est être plus fort ensemble. On peut appeler ça entraide, mais aussi, selon moi : Fraternité. Ce 3ème mot de notre devise est souvent mis de côté, comme s’il était moins important. Alors que pour moi, sans la Fraternité, il n’y a pas d’Égalité ni de Liberté.

Maël : Je vous remercie et vous dis bravo pour votre implication et l’aide que vous apportez.

Julie : De rien ! Merci surtout à tous les bénévoles depuis 2001 et aux familles qui nous font confiance !